Dès le XXe siècle, le cinéma et le théâtre occupent une place importante dans notre cité. Clément Maurice (1853-1933) dit Clément-Maurice Gratioulet photographe, réalisateur, producteur
et ancien employé des établissements Lumière, fonde en 1907, avec Jules Dumien, la Société Générale de films
« Radios » implantée à Sanary. Ils produisent jusqu’en 1909 une dizaine de petits films tel que « L’attaque de la diligence » tourné dans les alentours d’Ollioules ou « Aux mains des Bandits » dont certaines scènes sont tournées
à la Cride. À partir de 1912, il s’installe définitivement sur la commune et constate qu’elle ne dispose pas encore de salle de cinéma. À cette époque, les films sont projetés dans l’arrière-salle d’un restaurant-glacier en plein air sur le port. Grâce à l’entreprise de Fortuné Michel, le premier cinéma de Sanary ouvre ses portes : c’est le début des Variétés Sanaryennes.
Ce nouveau bâtiment, à la devanture atypique, est considéré comme un lieu d’expression de l’art populaire où le théâtre et le cinéma muet, en pleine expansion, cohabitent harmonieusement.
À l’heure où les anciennes salles de spectacles de province sont reconverties en salles de cinéma, le bâtiment des Variétés Sanaryennes suit l’architecture du théâtre. Sa façade reprend les décors du monde du spectacle.
Les salles sont inaugurées fin janvier 1913. L’inauguration est qualifiée d’« inoubliable » par le journal Le Petit Provençal. Dans la salle de théâtre, on y joue de nombreuses pièces dont « Noël est tragique » en 3 actes d’Alphonse Rolland. Le programme proposé aux habitants est varié. Entre « Sacrifice » avec Charles Krauss, « Serge Panine » ou encore « Willy a la maladie du sommeil », les Variétés Sanaryennes innovent et permettent au public de profiter d’une offre de projections riche et diversifiée. La Comédie-Cinéma se présente aussi comme un lieu de réception de gala de bienfaisance ou de championnats de combats de boxe comme celui du 4 août 1913 où le champion du Var et du Midi, Trouba Léon s’oppose au champion de La Seyne Nicolleti.
La déclaration de la Première guerre mondiale en 1914 vient brusquement interrompre les activités des Variétés Sanaryennes entraînant la fermeture immédiate des salles. À la fin de la guerre, en 1918, le cinéma est vendu, devient Le Ritz puis L’A.B.C. Clément Maurice décède à Sanary quelques années plus tard, le 15 juillet 1933.
Retrouvez cet article dans le Mieux Vivre n°273 du mois d’avril 2022.